“L’éthique est un sac informe seule la déontologie compte.” Vraiment ?
Voici les paroles rapportées que l’on m’a laissé entendre lors d’un séminaire. Ce billet est donc une réponse un peu (mais pas trop) à chaud à cette affirmation aussi subtile qu’un Rambo face à une vingtaine de guérilleros. Alors, éthique : utile ou inutile ?
Premièrement, l’éthique est-elle un sac informe ? Assurément oui ! Le mot est utilisé à toutes les sauces pour tout dire et souvent (malheureusement) ne rien dire. Affirmer qu’il existe un comité, une charte ou quoi que ce soit éthique est souvent un argument de communication utilisé pour prouver qu’on ne change rien aux pratiques mais que c’est forcément bien parce que c’est éthique.
Cependant, je ne peux que souligner le raccourcis honteux qui est utilisé dans l’argument. “L’éthique est informe donc elle est inutile”. Je ne peux être d’accord avec une telle affirmation. En effet, prenons un exemple, qu’est que la médecine ? c’est une discipline qui s’occupe aussi bien de la santé que de la maladie des Hommes. Avez-vous déjà essayé de définir ce qui était de la médecine et ce qui ne l’était pas ? L’acupuncture, c’est de la médecine ? D’aucun diront que non et d’autre que oui avec une multitude d’arguments plus ou moins pertinents. Autre exemple, la philosophie. Qui peut dire où commence la discipline de la philosophie ? Quand la philosophie s’empare de la question de Dieu, est-elle encore de la philosophie ou a t-elle plongé dans la théologie ?
Toutes les disciplines sont des sacs plus ou moins informes et si le sac “éthique” est particulièrement informe, c’est justement parce que sa vocation est de toucher, à l’instar de la médecine et de la philosophie, une multitude de sujets différents. Il est amusant de constater qu’on ne remet pas en cause l’utilité de la médecine. Certaines mauvaises langues pourront affirmer que c’est parce que la médecine à des résultats objectifs et même scientifiques. Je leur conseillerai alors de lire quelques publications sur la thématique de l’éthique pour qu’ils puissent s’assurer que l’éthique possède aussi des méthodologies. Quant à l’objectivité, je suis de ceux qui pensent que l’objectivité n’est qu’une illusion. Toute étude ou recherche a ses biais et donc les conclusions posées aussi. Le meilleur moyen d’être objectif restant alors d’être conscient de sa subjectivité et de ne pas se laisser illusionner par les grandes idéologies scientistes.
Quant à la déontologie qui est finalement le fruit de l’union de la morale et de la loi, si elle se révélait suffisante à résoudre tous les problèmes de la médecine, l’éthique médicale n’existerait simplement pas. L’éthique est bien ce questionnement qui naît de l’absence de réponses aussi bien de la morale que de la norme légale.
Continuons donc de réfléchir. Finalement peu importe le nom que l’on donne à telle ou telle chose, l’important reste de savoir se remettre en question car c’est bien la première étape de toute réflexion constructive.
Complexe…
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